Berne, 15 février 2024
Communiqué de presse
Nier et déformer des connaissances scientifiques ou les décrire comme des conspirations ont été des attitudes très répandues pendant la pandémie de COVID-19, mais leur influence va bien au-delà. Récemment, les fakes news diffusées grâce aux nouvelles technologies ont été placées au premier rang des menaces globales actuelles dans un sondage du Forum économique mondial (WEF) effectué auprès de dirigeant·es et d’expert·es des risques (WEF Global Risks Report 2024).
Une nouvelle étude fait un état des lieux et formule des recommandations
Afin de développer et mettre en œuvre des stratégies efficaces pour endiguer la diffusion de fausses informations, il est essentiel de bien comprendre leur dynamique. C’est pourquoi des chercheur·euses de la Jeune Académie Suisse (Sabrina Heike Kessler, Anna Jobin, Fanny Georgi) et de l’Université de Zurich (Mike Schäfer, Daniela Mahl) ont interrogé dans une étude 47 scientifiques et praticien·nes de 13 pays et ont rassemblé des recommandations pour relever les défis liés aux fausses information et aux théories du complot.
«Des compétences lacunaires en matière de médias et d’informations numériques au sein de divers groupes sociaux, un manque de ressources pour le journalisme (scientifique) ainsi que des lacunes réglementaires et scientifiques, voilà les principaux défis que nous avons identifiés, relève Sabrina Heike Kessler, porte-parole du projet. Nous avons aussi synthétisé la manière dont ces derniers peuvent, selon des expert·es, être appréhendés dans une perspective sociale globale.»
Adapté aux spécificités des groupes cibles, l’encouragement des compétences en matière de médias et d’informations numériques contribue largement, selon les expert·es, à une société apte à reconnaître elle-même les fausses informations et à endiguer efficacement leur diffusion. Afin d’augmenter la confiance accordée par le public aux médias, les expert·es recommandent d’encourager le journalisme (scientifique) professionnel et la vérification indépendante des faits. Du fait de l’autorégulation insuffisante des plateformes numériques, les expert·es interrogé·es proposent que les autorités politiques créent des conditions cadres légales pour plus de transparence et que l’on examine la possibilité de mettre sur pied un conseil pour les plateformes, issu de la société civile, formé d’utilisateur·rices et d’expert·es sélectionnés et chargé de conseiller et contrôler les plateformes numériques.
Pour davantage de communication scientifique
La science est aussi placée devant ses responsabilités. Selon les expert·es interrogé·es, la diffusion des découvertes scientifiques au sein de la société devrait être renforcée au moyen de canaux appropriés, afin que des connaissances complexes puissent être accessibles à un large public dans un langage compréhensible. Cette forme de communication scientifique peut, à côté des services de communication des hautes écoles et des instituts de recherche, également être assurée par les scientifiques eux-mêmes. C’est pourquoi il est nécessaire que des formations en communication soient dispensées aux chercheur·euses et que des incitatifs pour ce type d’activité soient proposés, afin que les scientifiques participent activement à la communication scientifique. Les scientifiques qui sont en butte à des attaques en raison de leur engagement contre les fausses informations et les théories du complot doivent par ailleurs pouvoir s’adresser à des institutions formées et sensibilisées.
Selon les expert·es, nombre de ces défis resteront encore pertinents dans les années à venir ou prendront même de l’importance. En résumé, les résultats de l’étude montrent que pour endiguer des contenus faux, trompeurs ou conspirationnistes sur les plateformes numériques, une combinaison de mesures individuelles et de collaboration entre divers décideur·euses et groupes sociaux est nécessaire.
Responsable de la Jeune Académie Suisse
Maison des Académies
Laupenstrasse 7
Case postale
3001 Berne